Être salarié et aidant : deux réalités qui s’entrechoquent souvent dans le silence. Dans cet épisode de la mini-série de podcasts dévoilée avant le Colloque National des Proches Aidants (25 septembre, Paris), Benoît Duval nous confie son expérience bouleversante : comment il a dû renoncer à son emploi, pourquoi il préférait taire sa situation d’aidant, et son parcours pour concilier son rôle de père aidant et ses obligations professionnelles.
Ecoutez l’épisode dès maintenant :
Le point bascule lorsqu’on est aidant familial
Lorsque son fils Tiago est né, atteint d’un handicap moteur nécessitant un fauteuil roulant, Benoît occupait un poste en CDI dans le secteur privé, où il s’épanouissait pleinement. Très vite, la réalité du quotidien le rattrape : soins, rendez-vous médicaux, démarches… tout s’enchaîne à un rythme soutenu.
» Il fallait forcément une personne disponible la journée. J’ai arrêté sans réfléchir… je n’avais pas assez d’énergie pour le travail et tout ça. »
Sans hésiter, Benoît prend une décision radicale mais nécessaire : mettre sa carrière entre parenthèses pour se consacrer entièrement à son fils.
Impacts sur la famille
Avec la maman de Tiago, Benoît organise tant bien que mal un partage des responsabilités. Mais la logistique est éprouvante, les rendez-vous ne se calant pas sur des horaires compatibles avec un emploi classique.
Cet arrêt professionnel, s’il est temporaire, reste indispensable à une période particulièrement critique. Il amorce une transformation de vie profonde, à la fois personnelle, familiale et professionnelle.
Encore un tabou
A près un période dédiée à son fils, Benoît retrouve un emploi, mais choisit de taire sa situation d’aidant auprès de son employeur :
» Dès qu’on en parle, on pleure… on s’effondre, on n’a plus la tête froide. Je disais juste : j’ai des problèmes personnels. »
Ce silence, nourri par la pudeur et la peur du jugement, l’empêche pourtant de bénéficier d’aides ou d’aménagements possibles. Il faut attendre 12 ans, une meilleure acceptation du handicap, et surtout une relation de confiance avec un manager à l’écoute, pour qu’il ose enfin dire les choses : « Quand on a des personnes compréhensives, on sait qu’on peut dire pourquoi j’ai besoin d’autant de demi-journées.»
Sacrifices et ajustements
Le quotidien reste tendu. Déménagement, changement d’entreprise, garde périscolaire improvisée… Benoît compose avec une réalité exigeante :
- Quitter son emploi et son logement pour se rapprocher de l’institut spécialisé ;
- Rechercher un poste compatible avec les horaires de Tiago ;
- Employer une personne pour assurer la garde en fin de journée, faute de solutions adaptées.
C’est grâce à une organisation millimétrée, un soutien administratif et financier, et une grande résilience qu’il parvient à retrouver un emploi à temps plein.
Le vécu de Benoît est celui de milliers de salariés aidants : un équilibre fragile entre devoir familial et aspirations professionnelles. Son témoignage met en lumière la nécessité impérieuse de repenser ensemble les organisations du travail.
➡️ Pour aller plus loin, rejoignez le Colloque National des Proches Aidants le 25 septembre à Paris – organisé par BabySafe Solutions et Assur Aidant : Lien pour s’inscrire gratuitement.